Articles de presse

A l’école des élèves heureux

A quoi ressemblent les établissements scolaires qui rendent nos enfants heureux ? Juste avant que Vincent Peillon, le ministre de l’Education, ne présente sa réforme, reportage dans deux écoles innovantes.

Antoine Dreyfus | Publié le 15.01.2013, 11h35 | Mise à jour : 17.01.2013, 15h01

 

A la Living School, école primaire privée de Paris, Anne-Sophie de Oliveira, enseignante et directrice adjointe de l’établissement, avec un élève.
| Roberta Valerio 1/3

 

SUR LE MÊME SUJET

Depuis de nombreuses années, des enseignants entretiennent de nouvelles relations avec les élèves, testent des approches pédagogiques alternatives, favorisent les arts et l’expression des enfants.

Que ce soit au sein d’établissements expérimentaux, regroupés dans la Fédération des établissements scolaires publics innovants (Fespi) ou dans le secteur public traditionnel, où des enseignants motivés élaborent des projets originaux (livres et films réalisés avec des lycéens, cours de yoga en primaire, etc.).

Quant au secteur privé, il est loin d’être à la traîne, puisque la première école française pratiquant la méthode Montessori (qui favorise l’autonomie des enfants), fête cette année son centenaire…

En juin 2012, fraîchement nommé ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, a inauguré, à Orléans, le cinquième Forum des enseignants innovants et de l’innovation éducative.

Une façon de soutenir ces initiatives sans pour autant raviver la guerre entre les « pédagogues » (l’enfant et le jeu au centre de l’enseignement) et les « républicains » (la blouse grise et l’autorité comme méthode).

Car, pour Vincent Peillon, cette querelle est caricaturale : « Ferdinand Buisson, père de l’école républicaine avec Jules Ferry, a écrit l’un des premiers dictionnaires pédagogiques », explique le ministre.

25 % d’heures de cours en moins
Dans son projet de réforme, présenté le 23 janvier en Conseil des ministres, Vincent Peillon ne souhaite pas généraliser les expériences des CLE ou celles d’autres établissements, publics ou privés, au motif que « l’innovation doit être partout » dans l’Education nationale.

Reste que ces expériences sont riches de méthodes et d’approches pédagogiques, dont certaines, comme dans la banlieue de Caen, ont déjà fait leurs preuves.


 Mais bien souvent, ces instituteurs et professeurs du premier et second degrés se sentent isolés ou mal vus par leur administration, leur académie ou des enseignants plus « conservateurs ».

 A l’instar de Philippe, instituteur dans les Hauts-de-Seine, qui reconnaît devoir enseigner « discrètement » certains volets de son programme.


Parti récemment à la montagne avec des CM2, il a surtout travaillé « sur l’autonomie et la responsabilité des enfants, raconte-t-il. Ils devaient être capables de faire l’inventaire des affaires à placer dans leur valise en imaginant ce qu’ils allaient vivre sur place. Une de mes collègues n’a jamais compris l’intérêt de ma démarche. »

Pesanteur des règles et procédures, inertie face aux changements, regards critiques de la hiérarchie et des collègues… De son côté, le secteur privé de l’éducation s’est depuis longtemps affranchi de ces contraintes de l’école publique.

La première école Montessori a ouvert ses portes en France en 1913. La méthode a formé depuis des milliers d’enfants et d’enseignants. Et chaque année, de nouvelles écoles et approches pédagogiques voient le jour.

L’établissement privé Living School (Paris) a été créé en 2007, par Caroline Sost, une ancienne directrice des ressources humaines.

Accueillant 80 têtes blondes de la maternelle au primaire, Living School se distingue des méthodes Montessori ou Freinet (fondée sur l’expression libre des élèves), par deux principes fondamentaux : le « savoir-être » et l’écocitoyenneté.

En plus des cours classiques (grammaire, maths, histoire…), les enfants s’initient à la confiance en soi et aux bonnes relations avec les autres (le savoir-être).

Apprendre la confiance en soi
Cette notion donne lieu à des séances peu communes. Par exemple, Anne-Sophie de Oliveira, la maîtresse, fait asseoir en demi-cercle les enfants de classe primaire sur des poufs, les calme puis leur demande d’exprimer à tour de rôle ce qui, à leurs yeux, ne va pas.

Même quand Anne-Sophie leur dit qu’elle a trouvé certains enfants un peu lents au moment de ranger leurs affaires, le ton est toujours bienveillant. Dans un autre exercice, les écoliers se lancent un ballon en se congratulant : « Tu es très jolie », « Tu es mon meilleur copain », « Tu es très intelligent », etc.

« Nous partons de l’idée que tous les enfants ont des capacités, un trésor, que nous valorisons », explique l’institutrice. Cette confiance passe par les enseignants qui ont tous suivi des formations en développement personnel. « On ne peut pas aider les autres à avoir confiance en eux si l’on n’a pas confiance en soi ».

Autre innovation de l’école : le cahier de réussite. Tout ce que les écoliers réussissent y est consigné : « Aujourd’hui, j’ai réussi à faire un gâteau », « J’ai réussi à dire une phrase en anglais ».

En cas de doute personnel, « les enfants feuillettent le cahier et s’aperçoivent par eux-mêmes des progrès accomplis. C’est rassurant et positif », commente Anne-Sophie.

Clairement innovante, cette pédagogie a cependant un coût. Car, contrairement au CLE d’Hérouville-Saint-Clair, où la scolarisation est gratuite, Living School est une école privée hors contrat (sans aide de l’Etat).

Avec des frais de scolarité qui s’élèvent à environ 6 500 euros par an, elle reste donc réservée à quelques privilégiés.
 
* * * * * * * * 

Avec l'expérience du CLE ou celle des autres modèles dont on vient de parler, il faut se réjouir que même en France, avec un personnel de l'éducation nationale française, des enfants français, des examens nationaux et la gratuité, on peut changer l'école traditionnelle qui souffre de problèmes graves de motivation pour les enfants et les enseignants et adopter un système où les enfants et les enseignants se trouvent heureux et obtiennent de bons résultats. Il faut souhaiter que l'expérience du CLE profite à l'ensemble des établissements du secteur public. On a la preuve que c'est possible à condition de le vouloir! CA.

 

Uusimmat kommentit